Le dernier film réalisé par Olivier Assayas, Doubles vies, s’apparente à une fable sur la relativisation et la nature anthropologique. L’intrigue démêle les relations extra-conjugales de plusieurs couples, sur fond du questionnement d’un directeur de maison d’édition sur la numérisation de son catalogue, et de la carrière plate d’un de ses auteurs en mal de public qui ne peut s’empêcher d’écrire sur sa propre vie. C’est le choix d’associer deux intrigues, une sur les couples et une autre touchant à la numérisation du monde de l’édition, qui éveille la curiosité et l’intérêt.
La problématique générale issue de cette confrontation pourrait être la suivante: le numérique génère-t-il une modification profonde de l’humain ? Que reste-t-il au contraire de fondamental, d’inchangeable, dans l’être humain comme être social ?
Les illusions de l’innovation en philosophie et sociologie
De nombreux chercheurs en histoire des techniques soulèvent déjà la question de l’impact technique sur le corps et la pensée, ce que Doubles vies met en récit sur un ton incisif, cruel, ironique et comique. Le philosophe Walter Benjamin, dans les années 1930, suivi par ses héritiers, se demande quelles nouvelles compétences visuelles d’analyse sont par exemple développées chez le spectateur par l’émergence du cinéma (pour les héritiers, voir l’ouvrage collectif Persistances benjaminiennes : http://psn.univ-paris3.fr/ouvrage/21-persistances-benjaminiennes).
Ces réflexions suscitent aujourd’hui des rêves et des anticipations, mais aussi des articles scientifiques (https://lejournal.cnrs.fr/billets/transhumanisme-de-lillusion-a-limposture), sur la création progressive d’une espèce transhumaine, mi-homme, mi-machine.
La sociologie de l’innovation (Madeleine Akrich, Michel Callon, Gérard Gaglio et Bruno Latour, notamment), s’est également penchée sur la question de l’innovation comme proclamation incessante d’une nouvelle nouveauté ou au contraire comme banalisation et appropriation d’une invention dans les pratiques.
Le fond et la surface, ou la désillusion du changement
C’est dans un contexte à moitié illuminé et obsédé par le digital que le film Doubles vies tente de faire la part des choses sur le phénomène numérique comme outil marchand reposant sur l’argument répété de la « révolution merveilleuse » (alors que la révolution est plutôt rejetée sur le plan politique par la pensée entrepreneuriale…). Le numérique représente peut-être une « illusion nécessaire » (Chomsky) : il s’agirait d’un micro-événement ou d’une atmosphères qui laisse croire que la pensée est plurielle et que tout peut changer alors que ce n’est qu’un écran de fumée qui conforte la pensée dominante en créant des bulles d’aération.
Dans le film, cette idée est retranscrite par la phrase célèbre de Lampedusa dans Le Guépard, et justement signalée comme banale par le personnage d’Alain (Guillaume Canet) quand elle est prononcée par Laure (Christa Théret) : « Il faut que tout change pour que rien ne change ». La citation du fougueux Tancrède dans Le Guépard adressée au vieux Salina face à la révolution italienne reprend en effet l’image d’un changement total de surface permettant au système de fond de se pérenniser (pour plus de réflexions sur ces fins de monde, voir le rapport du jury d’agrégation de lettres modernes de 2016, p.14 à p.32 : http://media.devenirenseignant.gouv.fr/file/externe/53/6/rj-2016-agregation-externe-lettresmodernes_-_v2_670536.pdf). Les œuvres du romantisme désenchanté, comme on les a appelées, abordent largement ce thème de la montagne qui accouche d’une souris (Lorenzaccio de Musset) ou d’un espoir de progrès qui se transforme en débauche (cf. la description amère de la révolution de 1848 par Flaubert dans L’Éducation sentimentale). Le « mal du siècle » décrit par Musset et dû la déception des espoirs liés à la Révolution française qui a accouché de régimes bourgeois autoritaires va-t-il revivre dans le désenchantement des déçus du numérique?
La polysémie du double
Dans la structure de Doubles vies, on nous fait croire dans la première partie du film que le numérique sera central dans l’intrigue alors qu’il n’est qu’un prétexte de surface pour révéler les manies immuables des relations sociales. Ce premier sens qui fait directement référence au Guépard est complété par la sens de la polysémie du titre Doubles vies. L’expression « double vie » est courante est définit la pratique secrète de deux existences familiales et/ou professionnelles parallèles. La mise au pluriel de l’expression dans le titre du film suggère deux autres significations :
– plusieurs couples dans l’intrigue ont une relation extra-conjugale,
– il existe différents types de vies parallèles : apparences sociales / intimité cachée (pour David, l’homme politique conseillé par Valérie), vie réelle / vie du roman (pour le personnage Léonard, auteur d’autofictions).
De la parodie de la révolution numérique à la peinture de relations sociales cruelles que le numérique n’a pas inventées
Si on en revient à la fonction structurelle du thème du numérique dans le film, on constate d’abord qu’il est fortement ironisé dans les discours illuminés, parfois ampoulés voire incompréhensibles de ses partisans. Dans le cas de la consultante en « transformation numérique », Laure, chargée d’accompagner la maison d’édition d’Alain dans sa digitalisation, il s’agit de phrases prononcées sur un ton monocorde et robotique, apprises par cœur, jouant sur des analyses apparemment sociologiques, mais dans le fond tellement assertives qu’elles sont ironiques et parodient les discours séducteurs des agences de conseil.
Dans le registre parodique, citons aussi les débats interminables des « Je-sais-Tout » qui inondent le film et font sourire. L’écrivain blogueur aux « 5000 vues par jour », ami du couple Canet/Binoche, tient des propos sur un ton péremptoire, assis profondément et vulgairement dans un fauteuil, sur la gratuité, l’art, l’écriture et les liens entre numérique, goinfrerie d’actualités et édition traditionnelle. Selena, incarnée par Juliette Binoche, est le personnage symbolisant le regard amusé du spectateur qui prend de la hauteur, refuse à la fois l’enchantement et le catastrophisme et joue l’avocat du diable pour ne pas laisser s’imposer un discours rempli de certitudes sur les innovations qu’on nous présente sans cesse.
Toutefois, le numérique n’est pas le seul concerné par ces conversations entre « bonnes » personnes. La rencontre en librairie entre le personnage Léonard et les détracteurs de son roman un peu trop autobiographique amorce aussi le débat sur la qualité d’une oeuvre en soi ou la qualité de sa réputation. Dans une scène qui rejoue la censure de Baudelaire et Flaubert pour immoralité, Léonard est contraint de répondre davantage aux accusations qu’aux remarques sur son style.
Autre exemple, lors d’une soirée, Valérie est prise à partie personnellement sur son engagement auprès d’un élu local alors que le sujet traite du système politique en général. Qui n’a pas déjà vécu cette scène de la vie quotidienne ? Vous avez par exemple une passion, et le monde entier, au lieu de vous encourager et de s’intéresser, vous renvoie aux visages et les vices et les travers du système pour vous écœurer et suggérer votre naïveté car vous ne comprenez rien à rien. Nous avons tous été au moins une fois victime et bourreau dans ce genre de situation.
Hormis la cruauté sociale de ces scènes qui fait reposer sur Valérie le poids de la défense du monde politique ou sur Léonard la honte de ses sources d’inspiration, alors qu’elle veut juste y croire encore un peu et qu’il cherche à sublimer un traumatisme par la fiction, on apprend surtout dans ces passages, qui font écho aux discussions stériles sur le numérique, que le sujet du film n’est pas la technique digitale en soi. Ce serait plutôt d’autres drames du quotidien qui éclosent dans tous les contextes sociaux, comme l’engagement, le lien entre vie privée, vie publique et travail, l’entraide et l’indifférence, la sincérité, l’effet de groupe, la pluralité de chaque individu. Chaque personnage du film, à ce titre, se contredit et est inclassable.
Conclusion : tout ça pour ça !
Dans le film, les choses importantes qu’on vient de mentionner sont finalement très peu abordées dans le cadre collectif et mondain, où on parlerait en conclusion de sujets vains en perdant beaucoup de temps. La scène finale du film est révélatrice : face à la mer (symbole romantique de la nature à la fois éternelle et capricieuse), le couple se réconcilie autour de l’annonce d’une grossesse, avec une conversation sur l’endroit où se trouve exactement le bébé dans le ventre. De même, peu avant le dénouement, on remarque que Laure est finalement intéressée par autre chose que le numérique, un désir d’évasion qui reste mystérieux. Tout au long de l’intrigue, de petites phrases indiquent en effet que chacun tente d’affirmer aux autres qu’il les connaît mieux que personne : « tu as toujours été commercial », « tu aimes l’argent », etc. L’essentiel se joue en coulisses, loin du monde, loin des observateurs.
À travers l’écran de fumée d’un fil rouge sur la transformation numérique d’une maison d’édition, le film Doubles vies développe le paradoxe d’un monde dit « connecté » où les frontières de la vie sociale persistent, qu’elles apportent des émotions positives ou négatives (pudeur, secret, intimité, passion sans mots pour les partager, incompréhension, préjugés, etc.). Le prétexte du numérique n’est donc que le contexte contemporain dans lequel sont soulevées les mêmes questions que dans les plus grands romans, qu’ils soient imprimés ou sur liseuse, des Liaisons dangereuses de Laclos aux Belles Images de Simone de Beauvoir.
Coco : un film qui fait moins peur de mourir
En grandissant, phénomène étrange, je pleure de plus en plus à la fin des dessins animés Disney. Je ne me l’explique pas vraiment. Peut-être que je suis davantage sensible aux émotions des personnages face à des événements qui parlent à des adultes : les consécrations amoureuses, les réconciliations familiales, les déclarations d’amitié. Tout cela, un enfant peut le comprendre mais peut difficilement s’y identifier ou se projeter. Je n’ai bien entendu jamais vécu dans mon existence une situation disneyienne, mais quand j’imagine dans que cela puisse arriver, les larmes se mettent à couler. C’est de l’empathie, il ne faut pas vivre un malheur pour le partager, mais simplement un cœur et de l’imagination. Or, contrairement à ce qu’on croit, je pense que les enfants manquent souvent d’imagination. On ne les nourrirait pas de fictions, sinon. Nuance : ils sont demandeurs de contenus imaginaires. Quoi qu’il en soit, j’ai pleuré pendant le dernier quart d’heure du dessin animé Coco. Ce dessin animé aborde des thèmes qui me font fondre : la libération de la parole dans le cercle familial, et le souvenir des défunts. C’est donc tout à fait personnel et, il me semble pendant les fêtes de fin d’année, aussi universel.
Libération de la parole dans le cercle familial
La libération de la parole intervient à deux niveaux. D’abord, c’est Miguel qui incarne une certaine liberté, celle de s’opposer à sa famille qui rejette l’idée qu’il puisse être musicien. Or, cette liberté est à relativiser puisqu’elle s’inscrit en filigrane dans la transmission génétique du don artistique : Miguel se sent légitimement artiste dès lors qu’il croit découvrir que son ancêtre était un grand chanteur. La réflexion qui surgit est la suivante : une rébellion peut-elle s’effectuer hors de tout modèle ? Tout acte de liberté ne s’inscrit-il pas dans la copie d’une figure tutélaire ? Y a-t-il véritablement créativité dans l’acte rebelle ? Sincèrement, je ne le crois pas. Moi-même qui m’affirme révolutionnaire me nourris de très vieilles idées qui transpirent la naphtaline et les livres poussiéreux.
Le deuxième aspect de la libération de la parole est plus conciliant car il est chargé de déclarations d’amour qui ne surviennent que dans les moments de crise où on sent que tout est perdu, qu’il faut saisir l’occasion de dire ce qu’on pense au risque de ne jamais pouvoir le dire ultérieurement. Disney et Pixar traitent la question du non-dit et du tabou familial sur le registre de l’émotion et fait de la parole ouverte la résolution même du récit, puisque l’amour enfoui enfin exprimé permettra à Hector de ne pas succomber à la dernière mort et à Miguel de vivre enfin son rêve. Si le mal semble résider dans la première partie du film au sein de la famille, c’est en réalité la solution qui s’y trouve : l’unité familiale résout le conflit. Le véritable mal s’incarne dans l’usurpation et le malentendu que celle-ci entretient. Quand le mensonge s’effondre, la famille se rassemble et peut produire un collectif qui veut prouver que le groupe est plus fort quand il est soudé et transparent, tout en étant respectueux des choix et libertés de chacun.
Coco est en cela fidèle à d’autres dessins animés classiques de Disney : la marâtre de Cendrillon est elle aussi une usurpatrice, le père de la petite sirène résout le conflit en acceptant que la liberté de sa fille ne réduira pas son amour pour lui et renforcera ainsi la famille. La famille est un élément perturbateur au début du film mais s’avère la solution du conflit à la fin du film. Là est l’utopie de Disney. Cette effusion de sentiments à la fin des films qu’on ne connaîtra jamais dans nos propres familles est émouvante parce qu’elle entend la douleur profonde de nos conflits familiaux souvent intériorisés.
Artistes et famille
Coco traite une question banale à laquelle il est difficile d’apporter des réponses complexes : comment concilier l’ambition personnelle et les responsabilités collectives ? Finalement, question d’actualité, l’intérêt individuel peut-il contribuer à l’intérêt collectif ? Coco présente, avec d’un côté Hector Rivera, et de l’autre, Ernesto de la Cruz, une opposition de styles. Hector a quitté sa famille à regret pour exercer le métier d’artiste, mais il a trouvé un moyen de marier son art à sa vie de famille à travers un rituel : sa fille, Coco, et lui chantent à la même heure chaque jour la chanson qu’Hector a écrite : Ne m’oublie pas. La chanson est alors un moyen de créer un lien malgré la distance.
Ernesto de la Cruz, quant à lui, utilise l’art différemment. Il est un opportuniste ambitieux capable de voler les textes et les partitions de son associé avant de l’assassiner. L’art est pour lui synonyme de célébrité et d’enrichissement matériel. Dans le monde des morts, il est connu pour sa fête annuelle prisée et très huppée ponctuée par un concert final devant la foule. Un technicien de sa troupe affirme même qu’il ne se rend jamais aux répétitions.
Le dessin animé s’inscrit donc dans un manichéisme bien connu : la vedette cupide manipulatrice sans talent face à l’artiste sensible qui fait de son art un lien humain. Disney se critiquerait-il lui-même dans ce film ? Ou s’agit-il d’une parodie des critiques qu’on lui reproche souvent ? Alan Bryman, dans Disney and his worlds, signale que le problème de Walt Disney dans la gestion de sa réputation a toujours été le fragile équilibre entre son image d’homme d’affaires et son statut d’artiste obsédé par les détails qui ne compte pas les dépenses, problème qui suit toujours la firme aujourd’hui et qui produit grands nombres de discours idéologiques, adoratifs comme haineux.
Ce conflit réside dans l’ambiguïté de l’expression d’Ernesto de la Cruz qui dit à cor et à cri qu’il faut « saisir l’opportunité ». Disney diffuse constamment le message qu’il faut « croire en ses rêves » et prier les bonnes étoiles (« wish upon a star »). Les deux questions morales soulevées en filigrane ne sont pas anodines : limites à ne pas dépasser pour atteindre ses objectifs, attendre les bonnes grâces du destin ou construire soi-même son avenir. Miguel a le choix entre reprendre confortablement le commerce familial ou de prendre des risques pour se réaliser là où il excelle, au risque d’être rejeté. L’ambition est punie dans le cas d’Ernesto qui finit oublié de tous et dans celui d’Hector qui, bien que réhabilité à la fin, a été assassiné dans sa première vie pour avoir quitté sa famille et suivi un ami peu scrupuleux. L’ambition de Miguel, elle, est récompensée, parce que la famille a appris de ses erreurs passées et a compris que l’extrémisme, la rancune et la haine brisent le lien social. La connaissance des faits conduit au pardon, alors que l’ignorance mène à la peur et à la haine. On se croirait dans Star Wars ! Coco est un hymne au compromis et au droit à une deuxième vie, ce qui nous donne une transition idéale pour passer au dernier thème de cet article : la métaphore du souvenir et de l’oubli.
Métaphore du souvenir et de l’oubli
Les éléments merveilleux dans une œuvre de fiction ont toujours une fonction symbolique qui permet de rendre visible une idée abstraite. Dans Coco, le monde des morts en fait partie. Cet univers parallèle est peuplé des défunts dont les vivants se souviennent. Une fois par an, pour le Jour des Morts (Dia de los Muertos), les morts peuvent aller observer leurs descendants si ces derniers ont posé leur photographie sur un autel. On voit bien que des éléments concrets (une ville pour les morts, les photographies) symbolisent une notion abstraite : le souvenir. Coco institutionnalise le souvenir à travers une organisation bureaucratique parodique du Jour des Morts. Miguel qui, au début du film, est loin d’être intéressé par cette cérémonie du souvenir, finit par être le héros qui va permettre à son ancêtre Hector de renaître dans le monde des morts grâce au souvenir ravivé de son existence dans l’esprit de la vieille Coco, sa fille. La réhabilitation d’Hector pérennise définitivement sa survie dans le monde des morts. Le récit et l’image sont les deux garde-fous de l’oubli présentés par Disney.
La menace est en effet grande pour les morts auxquels plus personne ne pense dans le monde des vivants. Ils sont condamnés à éprouver une « dernière mort » dont personne ne connaît la nature. Cette dernière mort symbolise l’oubli total. Le film adresse donc un message moral aux spectateurs : « N’oubliez pas vos morts ! Ils comptent sur vous et pensent à vous, vous protègent ! ». Pour ceux qui ont peur de mourir, le film arrive donc à rendre positive la mort en la transformant en deuxième vie garantie par les souvenirs laissés aux êtres chers, et où il est possible de retrouver les êtres qu’on a perdus. Pour ceux qui souffrent de la mort d’un proche, le film est aussi rassurant car les disparus restent présents près de leurs descendants à travers la cérémonie annuelle, même si les morts ne peuvent communiquer avec les vivants. C’est un appel à faire le bien sur Terre pour ne pas être oublié et laisser une trace : la conclusion hautement morale s’inscrit donc dans la tradition des studios Disney.
Coco est efficace car il projette des images rassurantes sur la souffrance et rend visible l’inexprimable. C’est en cela un conte merveilleux capable de faire réfléchir un enfant et de tirer une larme ou deux à un adulte conscient qu’il doit tout à ses aïeux. En sortant de la salle de cinéma, je fus même pris d’une envie folle d’imprimer des photos de tous ceux que j’aime, mais je dois admettre qu’en vieillissant je ne m’assagis pas et perds de mon rationalisme… malheureusement ?
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